Lorsque la lieutenante-colonelle Trisha MacLeod (officière supérieure d’état-major et commandante adjointe, Division des services de santé) a pris connaissance des rapports faisant état d’une augmentation des traumatismes liés à la race, elle a rapidement communiqué avec des personnes susceptibles de fournir des renseignements supplémentaires et formé un groupe de travail sur le racisme. Bien que la lieutenante-colonelle soit à l’origine de cette initiative, l’effort a été le fruit d’une collaboration entre l’équipe de promotion de la santé, qui s’emploie à soutenir le changement de culture et à améliorer la santé et la vie des personnes travaillant pour les FAC, et un groupe diversifié et remarquable de membres du personnel et de militaires qui ont été rassemblés et ont fait part de leurs commentaires. Les membres du groupe ont discuté de thèmes comme le pouvoir, les privilèges et les préjugés inconscients, développant leur propre compréhension afin de soutenir les autres tout au long de leur parcours.
« Le groupe avait un réel désir de changement, a expliqué Amy Doelman, gestionnaire de la promotion de la santé aux Programmes de soutien du personnel (PSP) du sud-ouest de l’Ontario. Il y avait des personnes de tous les services de santé et de quelques groupes de soutien divers. Comme nous avions réussi à faire venir des personnes de différents milieux, il s’agissait d’une sorte d’effort communautaire commun. Ce groupe avait pour but d’aider les personnes dans leur propre parcours d’apprentissage. »
Le groupe de travail communautaire, créé (avec le soutien de la chaîne de commandement) en juin 2020, comptait des représentantes et représentants d’un réseau de 32 cliniques des Services de santé des Forces canadiennes (SSFC), dont à Toronto et à London, où Mme MacLeod était commandante. Il comprenait des membres des FAC et de l’Équipe de la Défense de ces villes et, plus tard, il s’est élargi pour inclure des membres de Petawawa. L’objectif général du groupe de travail était d’examiner les sources individuelles et systémiques du racisme et de promouvoir activement un lieu de travail exempt de racisme.
L’élaboration et la mise en œuvre d’ateliers ont suivi, impliquant également la direction, intitulés Stratégies de lutte contre le racisme sur le milieu de travail. En juin 2021, le premier des trois ateliers virtuels a été mis sur pied.
En 2023, ce groupe est officiellement devenu la Communauté de lutte contre le racisme et a organisé son premier atelier en personne à Petawawa. Initialement ouvert à 40 participantes et participants, l’événement de deux jours en a attiré 60 au total.
« Le contenu de l’atelier visait à sensibiliser les participantes et participants à ce qu’est le racisme et à ce qu’il faut faire pour y remédier, a dit Juannitah Kamera, gestionnaire de la promotion de la santé des PSP. Nous voulions offrir une plateforme dans cet espace aux personnes racisées qui avaient des expériences et qui désiraient en faire part. »
La première journée a permis de cibler ce qu’est le racisme systémique dans la société et ce à quoi il ressemble au sein des FAC, de prendre conscience de ce que des militaires ont vécu, de voir les politiques en place et d’établir ce que le groupe de travail espérait réaliser. La deuxième journée a été consacrée à certaines des stratégies qui pourraient être mises en œuvre pour insuffler le changement dans les unités et à la manière dont les personnes en position de pouvoir peuvent influer sur la politique.
L’atelier a donné lieu à un certain nombre de discussions authentiques, franches et émotionnelles qui ont trouvé un écho auprès des participantes et participants. Cet espace a permis aux personnes racisées de faire part de leurs expériences personnelles au sein des FAC et de la société, et de discuter de ce qui pourrait être fait.
« Outre les déclics que beaucoup de personnes blanches ou socialisées blanches ont pu avoir, c’était la validation et la normalisation pour les personnes de couleur qui se sentaient enfin vues et entendues », a exprimé la lieutenante-colonelle.
Les répercussions de l’atelier n’ont pas échappé à celles et ceux qui ont contribué à l’organiser.
« À la fin de la deuxième journée, nous avons pu sentir une nette évolution, a remarqué Mme Kamera. Certaines personnes qui pensaient qu’il n’y avait pas de racisme ont reconsidéré leur position et se sont demandé ce qu’elles pouvaient faire de plus. »
La Communauté de lutte contre le racisme se réunit encore tous les mois, avec pour objectif de se rencontrer toutes les semaines, afin d’en apprendre plus sur la promotion de lieux de travail exempts de racisme. « Lorsque vous avez ces conversations, c’est très éprouvant et c’est difficile, a reconnu Mme Doelman. Le fait d’avoir un groupe de personnes ouvertes à discuter et prêtes à vous soutenir est très important, et l’apprentissage continu que permet ce groupe me comble. »
Mme MacLeod a déclaré qu’il était extrêmement gratifiant de constater les progrès réalisés en termes de sensibilisation au racisme et de volonté de s’impliquer dans la lutte contre le racisme sur le lieu de travail.
« Certaines de ces personnes en intègrent de nouvelles au groupe et mènent aujourd’hui des discussions », a-t-elle ajouté.